
Browning 1900 (face droite) La bande à Bonnot Browning 1900 (face gauche)
Nous vous proposons aujourd’hui de revenir sur des événements tragiques qui se sont déroulés de décembre 1911 à avril 1912 , et qui ont tenu la France en haleine, tellement la chose était nouvelle .
A vrai dire, c’est peut-être à ce moment qu’en France, avec quelques décennies d’avance, qu’est née la véritable grande délinquance moderne… il s’agit des agressions et braquages de la bande à Bonnot.
Là encore, nous n’allons pas nous attarder sur les personnages en eux-mêmes, tout a déjà été dit ou presque, puis en cherchant sur le net, vous en trouverez des pages entières.
Intéressons-nous plutôt à leur armement, et à la manière de l’utiliser.
Tout d abord, pour la première fois de l’histoire, les truands vont associer l’arme à feu à la voiture, l’un et l’autre étant volés bien entendu. La voiture volée, tout de même très repérable en 1911 car la circulation est plutôt réduite, et la possession limitée aux plus riches, sert à approcher l’objectif mais surtout toujours à prendre la fuite le plus rapidement possible. À une époque où bon nombre des membres des Forces de l’Ordre « de tous les jours » sont encore à pied, à cheval ou à vélo, on voit tout de suite l’avantage…
Ensuite, l’arme de prédilection de la bande est le pistolet Browning Modèle 1900 en calibre 7,65 Browning, premier pistolet de ce calibre mis en vente sur le marché qui sera un succès commercial absolu avec 724 450 exemplaires produits au moment de la cessation de sa production au lendemain de la première guerre mondiale.
L’arme présente des avantages certains pour l’utilisation que vont en faire les truands.
L’arme tire une cartouche très moderne à balle blindée très perforante pour l’époque proportionnellement à sa taille.
Le Browning 1900 offre un rapport puissance/encombrement/capacité nouveau dont la plupart des revolvers du moment sont incapables de rivaliser.
C’est essentiel pour eux , l’arme est très plate et très fiable, elle se porte à même la poche du veston en toute discrétion.
Le mode opératoire est toujours le même, la bande à Bonnot n’a aucun état d’âme, les braquages sont toujours violents, le tireur arrive par surprise et décharge son pistolet sur sa victime, toujours plusieurs coups, chaque truand ayant souvent plusieurs pistolets sur lui, certains possédant un ou deux chargeurs de rechange qui les accompagnent.
Ces hommes ont compris que la terreur qu’ils inspirent vient du fait de leur vitesse d’exécution, de la puissance de feu qu’ils délivrent à chaque fois, rendue possible grâce à l’utilisation de pistolets automatiques qui ne sont pas encore complètement banalisés dans l’esprit du grand public.
C’est presque du » Hit and run » avant l’heure …
La cartouche de 7,65 Browning est idéale pour cet usage car les tirs, qui ne sont souvent que des exécutions sommaires, se font toujours à très courte distance, au pire quelques mètres, les épais manteaux de laine de l’époque sont facilement traversés, et le poly-criblage fait le reste…
Notons aussi qu’à cette époque, l’armement « de base » des membres de Forces de l’ordre était très réduit, l’arme à feu n était pas généralisée et le gourdin ou la baïonnette étaient souvent suspendus au ceinturon, moyens bien dérisoires face à des pistolets automatiques…
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la première fois que les chefs de la bande sont « logés », les policiers chargés de capturer Bonnot viennent… sans armes à feu… le sous chef de la sûreté, Mr Jouin, est alors abattu en premier, l’inspecteur Colmar est blessé, le reste du groupe n’a que le temps de s’enfuir et de se cacher pour échapper aux balles de Bonnot qui vide ses armes sur eux…
Mais la Police apprend vite, et la seconde fois que Bonnot sera logé, ils iront le chercher après la perception de… Browning 1900, achetés spécialement pour l’occasion, prenant conscience, un peu tard, que l’on ne capture pas des bandits de ce type comme on cueille des voleurs de poules dans les campagnes…
Notons que les Forces de Police qui vont donner l’assaut de la ferme dans laquelle Bonnot est retranché sont accompagné de la Gendarmerie, de la Garde Républicaine, des Pompiers mais aussi de la population locale, les hommes du terroir qui ont sorti leurs fusils de chasse !!!
On ne badine plus avec les moyens, l’habitation est attaquée à la dynamite et par les brèches ouvertes, les assaillants s’engouffrent, Bonnot utilisera ses armes jusque au moment où il succombe fatalement sous les balles.
Il décédera durant son transport à l’hôpital d’une hémorragie, du fait de ses multiples blessures par balles.
Bonnot et ses acolytes ont fait la une des journaux pendant un peu plus de 5 mois.
Se revendiquant anarchistes, ils ont ouvert la voie au banditisme politique, les vols servant à financer leur idéologie, et au terrorisme moderne, en frappant par surprise très vite, très fort, en n’ayant aucune empathie pour les victimes innocentes, n’hésitant pas à tirer dans la foule pour couvrir leur fuite.
Une publicité bien encombrante dont la FN Herstal se serait bien passé…
La morbide efficacité des Browning 1900 restera dans les mémoires, et quelques années plus tard, ces pistolets connaîtront une carrière autrement honorable en étant choisie comme arme de poing personnelle par bon nombre de nos officiers, avant de se jeter dans la première guerre mondiale .
Cette guerre lui sera fatale, et le Modèle 1910, plus moderne de conception, lui succédera avec succès.
…… Pour beaucoup, le Browning 1900 restera » L’ arme de Bonnot «
LPN
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